Spécial rentrée 2023 : les Sous-doués du climat

mercredi 06 septembre 2023

Avouons-le, nous sommes toutes et tous un peu bêtes face à cette urgence climatique qui nous dépasse et dont on peine à mesurer toute la portée. Toutefois compte tenu de leurs responsabilités et de la conscience qu’ils sont supposés avoir du sujet, certain(e)s nous fascinent tant ils/elles apparaissent en décalage par rapport à l’urgence. Voici la dream team des sous-doués du climat (la liste n’est malheureusement pas exhaustive) avec pour chacun le petit mot de rentrée de la maîtresse.

Xi Jinping

Si nos dirigeants étaient des élèves de CM2 et qu’après que la maîtresse leur eût expliqué le problème du réchauffement climatique, le petit Xi maintenait qu’il souhaite malgré tout exploiter du charbon parce que ses camarades en ont cramé plus que lui – le pays n’a de cesse de rappeler qu’il ne fait pas partie des émetteurs historiques pour justifier son emploi massif d’énergies fossiles – on parie que toute la classe lui balancerait des confettis en le traitant de débile. Mais voilà, Xi est un homme puissant et bien que beaucoup se disent « RO LE CON », tout le monde la ferme car on ne voudrait pas disparaître mystérieusement ou finir dans un camp de travail à fabriquer des t-shirts à 2 euros pour Shein. Ainsi, à rebours de la tendance mondiale, la Chine ouvre des centrales à charbon à tour de bras pour produire son électricité. Et ça fait mal. Le pays est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre. Applaudissements pour Xi, t’es un champion ! 

« Xi doit apprendre à ne pas suivre le même chemin que ses camarades de classe surtout quand ces derniers empruntent une voie sans issue »

La maîtresse

Vladimir Poutine 

Personne ne s’attendait à ce que Poutine s’engage sérieusement dans la lutte contre le changement climatique, puisqu’en 20 ans de pouvoir ses prises de position sur le sujet sont quasi inexistantes et n’ont jamais été suivies d’effet. Mais de là à envahir l’Ukraine… « La maison crame ? Si on allait plutôt annexer la propriété du voisin ? ». Au-delà du drame indescriptible pour les ukrainiens, l’invasion russe entraîne son lot de conséquences en cascade pour les transitions énergétique et agricole à l’échelle du monde, sans parler de la biodiversité locale durement affectée. Une situation qui fut résumée en mars 2022 par le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres en ces mots : « Nous marchons les yeux fermés vers la catastrophe climatique » et la guerre en Ukraine renforce cette « folie ». En effet, dans un contexte de flambée des prix de l’énergie, la crainte était que la nécessité pour les pays de trouver une alternative rapide aux combustibles fossiles russes porte un coup fatal aux ambitions climatiques, en les incitant notamment à relancer les productions de charbon. 

Un an et demi après le début de la guerre, beaucoup d’acteurs estiment que le conflit a finalement accéléré la transition énergétique. En effet dans ce contexte les ENR se sont logiquement imposées, plus que jamais, comme un (précieux) gage de sécurité énergétique en réduisant la dépendance aux énergies fossiles russes…

Quant à la question agricole c’est plus compliqué, la guerre ayant plutôt encouragé une vision productiviste compte tenu des risques de pénuries mondiales que fait peser le conflit – dotée d’immenses surfaces agricoles, l’Ukraine, présentée comme le grenier à grains du monde, a vu sa production agricole baisser de moitié suite à l’invasion russe.

Dans cette histoire c’est finalement Poutine qui est le plus emmerdé : le pétrole et le gaz qu’il vendait à l’Europe et qui représentaient une manne financière considérable lui restent en partie sur les bras. Comme un pied de nez, le dictateur annonçait récemment ne pas être en mesure de tenir ses engagements de réduction d’émissions nettes de 80 % d’ici à 2050… à cause des sanctions internationales. Il fallait oser.

On n’est pas surpris de voir Vladimir et Xi afficher « une amitié sans limite ». Une chose est sûre, leur cynisme n’a pas de limite.

« Vladimir semble vivre dans son monde imaginaire, échange peu avec ses camarades et parle beaucoup de l’Union soviétique. Nous sommes en 2023 Vladimir. En espérant que l’été a permis de s’ouvrir un peu, si ce n’est par le voyage, au moins par la pensée. »

La maîtresse

Donald Trump 

S’il était encore président des États-Unis Trump mériterait largement d’être le délégué de cette classe peu glorieuse. Mais comme nous ne sommes pas à l’abri d’un retour, gardons-le près du tableau. Dans un monde normal où la raison guiderait la politique, on imagine que s’il réintégrait la Maison Blanche Trump se fendrait d’un mea culpa à sa sauce du style « Ok fokes I messed up with climate but honestly who could have anticipated that mess ? » (ok les gars j’ai merdé avec le climat mais franchement qui aurait pu prédire ce bordel ?), mais aucune chance que cela se produise. Très peu sensible à l’intérêt général et aux enjeux de long terme, Trump voit probablement les choses sous le prisme de son espérance de vie et de ses aspirations personnelles. Or quand vous avez 77 ans, que vous êtes milliardaire et que vous avez l’âme et les mœurs d’un mafieux, vous êtes plutôt enclin à faire perdurer ce monde qui vous a fait. Ainsi quand on regarde son bilan, on peut raisonnablement prédire que l’histoire retiendra du 45ème président des États-Unis qu’il fut l’un des plus grands criminels du climat, le retrait du pays de l’accord de Paris marquant le premier jalon d’une présidence marquée par le climatosceptiscisme et l’inaction climatique à tous les échelons de l’administration présidentielle. Mais cela inquiète sans doute assez peu Donald Trump, dont il ne restera vraisemblablement plus grand-chose, si ce n’est peut-être une mèche jaunâtre dans un cercueil, lorsque viendra l’heure des comptes.

« Tire les autres vers le fond. Préconisons fortement une scolarité à domicile, dans l’intérêt de Donald et de ses camarades. »

La maîtresse

Jair Bolsonaro 

Certes, il a quitté la présidence du Brésil et sa récente condamnation à huit ans d’inéligibilité pour « abus de pouvoir » éloigne le spectre d’un retour de Bolsonaro au pouvoir. Mais malgré un mandat chaotique, unanimement jugé catastrophique en matière d’environnement, l’éviction du leader d’extrême droite a été obtenue de justesse, faisant dire aux observateurs que (par chance) la pièce était tombée du bon côté. Or il faut lire dans Le Monde le récit de sa fin de mandat et en particulier le saccage du jardin de l’Alvorada – la résidence présidentielle à Brasilia – pour comprendre le peu de considération que cet homme et son entourage avaient pour la nature. Quant à son fameux bilan environnemental, il est déjà bien documenté et il donne le vertige : explosion de la déforestation et des incendies telle que la forêt amazonienne, le “poumon vert de la planète” rejette désormais plus de CO2 qu’elle n’en capte ; baisse des dépenses fédérales supérieure à 90% pour les projets de réduction et d’adaptation au changement climatique ; démantèlement méthodique des agences de protection de la nature ; levée des contraintes sur la pulvérisation de pesticides – près de 1 700 nouveaux produits autorisés sous son mandat, soit plus d’un par jour, dont beaucoup interdits sur le marché européen – développement de l’orpaillage illégal à l’origine de graves pollutions des cours d’eau ; appropriation des terres indigènes, etc. Pour Marcel Bursztyn, éminent expert des questions environnementales et professeur au centre de développement durable de l’université de Brasilia, le constat est sans appel : « Bolsonaro est un criminel environnemental, et il est souhaitable qu’il réponde un jour de ses actes devant la justice. »

Espérons en attendant que le retour de Lula permettra au Brésil de retrouver rapidement – et durablement – sa place de leader dans la lutte contre le changement climatique.  

« Élève agressif, humeur erratique, semble prendre du plaisir à casser les objets, incapacité à se concentrer, difficultés à comprendre des problèmes simples… maîtresse épuisée. »

La maîtresse

Sultan al-Jaber 

Plus c’est gros plus ça passe… Le patron de la compagnie pétrolière nationale d’Abu Dabhi (Adnoc) – l’une des plus grandes majors au monde – nommé président de la prochaine COP ? Tout le monde a cru à une mauvaise blague. Pourtant c’est bien cet homme, également ministre émirati de l’Industrie, qui a été nommé président de la COP 28 qui se tiendra en fin d’année à Dubaï.

« Nous apporterons une approche pragmatique, réaliste et axée sur les solutions » déclarait Sultan al-Jaber suite à l’annonce de sa nomination. Comprendre : miser sur une stratégie de décarbonation à l’aide des technologies de captage et de stockage du carbone – dont le déploiement à grande échelle reste à ce jour un mirage – sans chercher à produire moins ou émettre moins de gaz à effet de serre. Au contraire même, puisque Sultan al-Jaber estime qu’il faudrait investir 600 milliards de dollars par an dans le pétrole jusqu’en 2030 pour satisfaire la demande énergétique mondiale. Le pays compte ainsi augmenter sa capacité de production de pétrole brut de 3,5 millions barils par jour à 5 millions en 2030, avec un objectif de mix énergétique composé d’énergies fossiles à hauteur de 50% (dont 38% de gaz naturel) à l’horizon 2050.

Ce n’est donc bien sûr pas pour sauver l’humanité que l’industrie des énergies fossiles prend d’assaut les grands évènements internationaux comme les COP, mais bien pour protéger sa rente économique. Une mobilisation qui a abouti à un statu quo sur les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre lors de la dernière COP en Égypte, la question d’une moindre utilisation des énergies fossiles ayant été à peine mentionnée dans les textes finaux.

Voilà qui a de quoi alarmer, alors que l’intensification et l’accélération du réchauffement climatique nous oblige à repenser nos modes de vie et à faire de la réduction des émissions une priorité absolue.

Finalement c’est un peu comme si le patron de Monsanto (Bayer) supervisait les travaux de l’IPBES, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité (équivalent du GIEC pour les enjeux de biodiversité)… Vous avez dit « conflit d’intérêt ?? » Mo nooon !!!

« Bin Ahmed aime se déguiser en super héros et dit qu’il va sauver le monde. La confiance manifestement acquise, on peut désormais se concentrer sur les savoirs et leur mise en pratique. »

La maîtresse

Marine Le Pen  

On connaît la passion de la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée pour les chats. Justement, connaissez-vous le point commun entre les deux ?

Tous deux représentent un risque pour l’environnement. Les chats car il est prouvé qu’ils portent une lourde responsabilité dans le déclin des populations d’oiseaux, Marine Le Pen parce qu’elle vit dans un monde parallèle où le réchauffement climatique ne constitue nullement une priorité, tout juste un thème parmi d’autres, très loin derrière les questions identitaires et de sécurité. On aurait pourtant pu espérer que l’été 2022 et les dernières catastrophes climatiques eussent été propices à une prise de conscience. Mais la candidate malheureuse à la présidentielle y a plutôt décelé l’opportunité d’un nouveau clivage entre de prétendus écolos bobos (urbains) et une France rurale qu’elle prétend défendre, espérant ainsi faire de l’écologie un thème porteur électoralement, comme le fut l’immigration.

Cela donne une écologie binaire, purement électoraliste, finalement très éloignée des enjeux réels. C’est préoccupant, car rien ne permet pour l’instant d’exclure la victoire de Marine Le Pen à la prochaine élection présidentielle. Espérons que d’ici là la connaissance chemine dans les consciences, y compris les plus troublées – les surprises climatiques, il y en aura, aideront certainement – pour qu’en 2027 Marine Le Pen puisse à nouveau se consacrer pleinement à ses chats, qui à l’inverse des français ont incontestablement besoin d’elle.

« Marine montre de l’agressivité quand elle est confrontée à des situations ou des matières qu’elle ne maîtrise pas, en particulier sur des sujets qui intéressent le reste de la classe comme les sciences naturelles, et n’hésitant pas à perturber le déroulement du cours pour imposer ses thèmes de prédilection. Il faut travailler sur l’écoute, le respect et l’ouverture aux autres. Il n’y a pas que les chats dans la vie, Marine ! »

La maîtresse

Patrick Pouyanné 

La Légion d’honneur… Il fallait oser ! C’est pourtant bien la prestigieuse distinction qui a été décernée cet été à Patrick Pouyané, le PDG de TotalEnergies, à l’initiative du ministère de l’économie.

« Il ne faut pas oublier que la demande d’hydrocarbures continue à croître à l’échelle de la planète » relevait le patron dans une interview au Figaro pour justifier la poursuite des investissements (massifs) du groupe dans les énergies fossiles. Une stratégie qui voit naître des projets d’exploitation particulièrement décriés pour leur impact environnemental, comme ces 400 forages prévus dans un parc naturel en Ouganda. Alors même qu’on le sait, il faut stopper tout nouveau projet d’exploitation pour espérer respecter la trajectoire de l’Accord de Paris.

« Si le monde arrive à se placer sur cette trajectoire bas carbone d’ici à 2050 et à diviser par quatre la demande de pétrole par rapport à aujourd’hui, nous diviserons également notre production par quatre » explique Pouyanné.

C’est un peu comme si la marque de “fast fashion” Shein disait « Il ne faut pas oublier que la demande de vêtements de merde pas cher continue à croître à l’échelle de la planète. Si le monde réduit sa demande, nous suivrons ». Du pragmatisme froid pour certain – les entreprises ayant vocation à faire du profit – du cynisme pour les autres – l’empreinte carbone de TotalEnergies étant équivalente à celle de la France, il ne serait pas choquant, dans un contexte d’urgence climatique, qu’elle opère un gros virage.

Bien au contraire, la stratégie climaticide du groupe semble assumée, puisque malgré des mouvements de protestation de plus en plus virulents au sein de la société civile – jusqu’au cœur des AG du groupe – le capitaine maintient le cap : priorité à la lucrative rente pétrolière et gazière, la transition attendra. Il eût été naïf de croire qu’un groupe qui a nié pendant des décennies la gravité du réchauffement climatique – une étude de la revue scientifique Global Environmental Change a démontré que la major pétrolière connaissait depuis 1971 l’impact « potentiellement catastrophique » de ses produits sur le réchauffement climatique, bien avant le grand public. Pire, elle a longtemps semé le doute sur la réalité du phénomène dans le but de retarder la prise de conscience et ainsi poursuivre ses activités – se mue soudainement en entreprise à mission. Mais on aurait quand même espéré qu’elle se rattrape sur les énergies renouvelables, qui représentent à ce jour moins de 7% des ventes d’énergie du groupe, avec une ambition affichée de 15% seulement… en 2030.

« Patrick a un sens inné du business, qu’on lui conseille de mettre à profit de projets qui font sens. Pour commencer en comprenant le choix de l’équipe pédagogique – vivement contesté par Patrick – de retirer la machine à snack. Oui, le marché du snack est en pleine expansion, Patrick, mais compte tenu du risque qu’il fait peser sur la santé des gens, nous assumons le choix de remplacer cette machine par un distributeur de fruits bio. À méditer. »

La maîtresse

Vincent Bolloré

Cyril Hanouna, Pascal Praud, Geoffroy Lejeune… Éric Zemmour. Ces personnages controversés sont autant de facettes de l’époque troublée dans laquelle nous vivons, marquée par l’émergence de discours populistes, extrémistes, complotistes. Or ces personnalités ne seraient pas aussi omniprésentes dans l’espace public sans l’intervention du puissant patron breton, lequel mène une véritable « guerre de civilisation » en imposant sa vision rétrograde du monde au sein des médias qu’il rachète. Canal +, C8, CNews, Europe 1, Paris Match, Le JDD, … tous les titres qui passent sous les fourches caudines de Vincent Bolloré voient successivement leur ligne éditoriale bouleversée au profit des thèmes chers à l’extrême droite. Une stratégie qui se révèle – sans surprise – particulièrement défavorable à la diffusion des connaissances sur le climat et la biodiversité, l’écologie ne semblant même pas être un sujet pour ce septuagénaire notoirement obsédé par les questions identitaires. Signe inquiétant, on constate en France un fort regain de climatoscepticisme, alors même que le consensus sur les causes du réchauffement climatique – essentiellement la combustion d’énergies fossiles par les activités humaines – n’a jamais été aussi solide au sein de la communauté scientifique compétente. La stratégie menée par le milliardaire a certainement contribué à ce phénomène, puisqu’on sait – un récente étude du CNRS l’a établi – que la majorité des comptes « dénialistes » qui relaient les contrevérités sur le climat présentent des liens étroits avec les sphères complotistes et l’extrême droite, en particulier le mouvement d’Eric Zemmour Reconquête ! si cher à Vincent Bolloré.

« Élève sérieux, discret, charismatique – on perçoit déjà une forte ambition – mystérieux. Flippant. »

La maîtresse

Marc Fesneau 

Peu de ministres illustrent aussi bien que Marc Fesneau l’influence des lobbies industriels sur le pouvoir politique. Par exemple lorsque celui-ci affirmait récemment, à l’occasion de la présentation d’un programme de renouvellement de la forêt française : « Si on laisse faire, les forêts vont tout simplement dépérir puis disparaître ». Une conception totalement absurde mais encore très ancrée au sein de la filière bois, pour des raisons économiques évidentes. L’éminent botaniste Francis Hallé, spécialiste mondial des forêts primaires, observe : « cette vision est d’une arrogance incroyable, puisqu’on sait qu’il y a des forêts sur la planète depuis le milieu du Dévonien, c’est-à-dire au moins 250 millions d’années, que personne ne les exploitait et qu’elles se portaient pourtant très bien ! ».

Quant au vaste plan présenté par le ministre, censé traduire l’ambition du président de « planter 1 milliard d’arbres » – voilà qui rappelle les licornes, ces fameuses startups valorisées des milliards – il démontre avant tout l’incapacité du politique à changer de paradigme. En effet ce Plan vise avant tout l’industrie du bois, car dans les faits ce sont surtout les fonctionnalités économiques de la forêt que l’on veut préserver, en misant sur des pratiques dont on sait qu’elles ne sont pas soutenables, à commencer par les plantations monospécifiques (le douglas notamment) et les coupes rases. On reste ainsi bloqué dans une vision essentiellement productiviste, alors que des solutions durables inspirées de la nature, comme la Régénération Naturelle Assistée (RNA), offrent des alternatives qui ont fait leurs preuves, en Afrique notamment.

Autre signe édifiant, le peu d’intérêt que manifeste le ministre pour l’effondrement massif de la biodiversité – ces 30 dernières années en Europe, les populations d’insectes volants ont diminué de 75% et les populations d’oiseaux des champs ont chuté de 30% en France – pourtant si étroitement lié aux pratiques agricoles dominantes en France. Face à ce constat alarmant, confirmé à nouveau par de récentes études, et malgré les risques avérés pour la santé publique – environ un tiers de l’eau distribuée en France serait contaminée aux pesticides – monsieur Fesneau assure prioriser la souveraineté alimentaire (comme si cela ne pouvait pas aller de pair avec la protection de l’environnement !) et s’aligne derrière la puissante FNSEA, comme lorsqu’il a demandé en avril dernier à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) de revenir sur sa décision de bannir l’herbicide S-métolachlore, pourtant classé « cancérogène suspecté » depuis juin 2022. Cela pour « laisser le temps aux agriculteurs de trouver des alternatives ». Alternatives qui existent, à condition de repenser les pratiques agricoles…

La transition agricole est incontestablement un chantier titanesque, systémique, sociétal, et on ne peut certainement pas tout attendre d’un ministre de l’agriculture. Mais quel drame que celui-ci soit à ce point imprégné du « monde d’avant » !

« Passionné par les gros tracteurs, les fusils et la nature bien ordonnée. Marc a une vision déjà bien arrêtée du monde, et de la nature en particulier, où d’après lui “l’homme doit s’occuper de la nature sinon elle meurt”. Doit encore se familiariser avec la nouvelle cour de récréation débitumée, qu’il trouve “sale”. On conseille des activités nature le week-end, pas que la chasse ! »

La maîtresse

Sandrine Rousseau

Il y a vraiment de quoi désespérer de l’écologie politique quand on voit que malgré le boulevard qui s’offre à elle, celle-ci ne parvient toujours pas à faire émerger une incarnation rassembleuse et crédible. Sandrine Rousseau, sa figure la plus omniprésente, se montrant avant tout experte pour purger son propre parti de ses “mâles blancs” et clasher sur X (Twitter) – où elle commente frénétiquement toute actualité propice à polémique. Parmi les derniers exemples en date – il n’y a qu’à se baisser pour ramasser – sa sortie contre les barbecues (saison estivale oblige) : « La consommation de viande est l’une des causes de ce qu’il se passe en Algérie, Espagne, Grèce, Chine, Arizona et partout. Se prendre en photo, tout sourire, avec un morceau de viande, aujourd’hui, c’est cracher à la figure de celles et ceux qui fuient, brûlent, meurent de chaleur ». Très efficace pour enflammer les réseaux sociaux, sans doute convaincant pour une poignée d’écologistes radicaux, totalement incompréhensible pour le reste du public. Et que dire du Tweet de l’élue cet été annonçant une température de 60 degrés en Espagne ? La climatologue Françoise Vimeux, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) ne cache pas son exaspération : « nous sommes beaucoup de climatologues à trouver cette situation désespérante (…) dire quelque chose qui est faux, en sachant que c’est faux, pour réveiller les consciences, alors qu’on essaye d’expliquer au mieux en étant le plus proche de notre connaissance. Cela ne nous aide pas du tout, au contraire ça détruit notre travail de communication. »

Manifestement incapable de mettre de la nuance et de la hauteur dans ses prises de parole, Sandrine Rousseau pourrait bientôt regretter son écologie au karcher, car à l’approche des prochaines échéances électorales tous les voyants sont au rouge pour sa formation politique. Signe qu’il faut changer de stratégie et de personne ? En attendant elle apporte une contribution certaine à la cause environnementale, en favorisant l’émergence de nouvelles formes d’écologies politiques, selon une loi immuable du vivant : la nature a horreur du vide. 

« À trop crier au loup Sandrine fatigue ses camarades de classe. On lui conseille de choisir ses combats et d’opter pour un peu plus de nuance, cela ne pourra être que bénéfique. »

La maîtresse

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