Science du climat : quand l’avis de Patrick pèse autant que celui d’un Nobel

samedi 01 mai 2021

Vous ne connaissez pas Patrick ? Patrick du film Camping ! On a tous assisté à des discussions entre Patricks au bar, laissant traîner une oreille indiscrète pour ne pas perdre une miette de ces savoureux débats de comptoir.

Avant l’émergence des réseaux “sociaux”, ces discussions restant cantonnées aux frontières du bistrot, elles faisaient partie du folklore local, voire d’un certain art de vivre à la française. Car après tout, on ne devrait pas se sentir obligés de dire des choses intelligentes tout le temps. Osons même le dire, ça fait du bien de dire des conneries de temps en temps ! Mais c’est un peu comme faire pipi dans la piscine, c’est mieux quand il n’y a pas trop de monde autour… Car l’émergence des réseaux a fait voler en éclats les barrières de notre bistrot. Et voilà Patrick et ses potes lâchés dans le wild web. Au-milieu de la masse on espérait que leurs paroles se diluent… au contraire, elles essaiment.

Les réseaux sociaux, foire aux cons ?

À l’école, un principe de base veut que quand le professeur parle, les élèves écoutent. Ce qui n’empêche pas l’échange, voire le débat. Mais il est admis que le professeur est là pour transmettre le savoir.

Dans la vie, c’est un peu différent mais pas complètement. Prenons un exemple. Fin gastronome, vous décidez d’aller dans un bon restau pour vous faire plaisir (bientôt…). Au dessert, le chef vient vous saluer et vous lui demandez quel est le secret de ce poulet de Bresse que vous avez trouvé tellement délicieux. Le chef vous explique alors sa technique et même si vous êtes vous-même amateur de poulet rôti, parions que vous allez quand même l’écouter parce qu’il a sans doute quelque chose à vous apprendre. D’ailleurs s’il vous venait l’idée de l’interrompre pour lui dire que vous maîtrisez la volaille mieux que lui, vous passeriez vraiment pour un crétin, vous exposant à un “Mais ta gueule Gérard !” tout à fait justifié.

Sur les réseaux sociaux, allez comprendre, c’est une toute autre histoire ! Exit les règles de base qui régissent la vie en société. Gégé (laissons un peu Patrick tranquille) est débridé, il tutoie le monde ! Au milieu des siens, il prend confiance. Et c’est le drame…

De l’aveu des personnalités interviewées dans le cadre de ce magazine, toutes expertes reconnues dans leur domaine, ce phénomène difficilement contrôlable ajoute une difficulté supplémentaire à une tâche déjà ardue : apporter la connaissance au plus grand nombre, alors que nous manquons cruellement de temps pour régler les crises écologiques. À la décharge de Patrick, lui et ses potes ne sont que les instruments d’intérêts qui les dépassent et qui savent remarquablement instrumentaliser le doute, muant nos sympathiques beaufs de comptoirs en véritable armée trumpienne.

Florilège de réactions (certaines ont dû être modérées) suite à une interview de Jean Jouzel, climatologue, ancien vice-président du groupe scientifique du Giec, membre de l’Académie des sciences et conseiller au Conseil économique, social et environnemental (CESE).

Enrayer la mécanique du “Mur des cons”

Par “mur des cons” comprenez ici “fil de discussion” sur les réseaux. Tous ceux qui tiennent des blogs d’information ont pu le constater. Dès qu’un article parle de religion, de politique, de santé ou d’écologie, on assiste presque systématiquement à un déchaînement de bêtise et d’insultes, avec son cortège de thèses complotistes et autres mensonges répétés ad nauseam. Si le contrôle s’est accentué sur la diffusion de propos haineux à la suite des attentats, il serait souhaitable d’être également plus vigilant sur les commentaires qui ne devraient pas passer la porte du bistrot, car toutes les opinions ne se valent pas, n’en déplaise à ceux qui prétendent défendre la liberté d’expression.

Pour cette raison, nous avons fait le choix, sur Le Terrien, de supprimer tous commentaires qui accréditent des thèses climato-sceptiques. Prétendre par exemple que les activités humaines ne sont pas la cause du réchauffement climatique, que la météo fait du yoyo alors qu’il est question de l’évolution du climat, que c’est juste une histoire d’orbite terrestre et autres conneries (on publiera un best of, histoire de rigoler un peu, promis) ce n’est pas de la liberté d’opinion, c’est de l’ignorance ou pire, de l’obscurantisme. Ça n’a pas sa place dans le débat.

Par ailleurs, compte tenu de l’urgence climatique, tenter de convaincre ceux qui adhèrent à ces thèses – souvent hermétiques à tout raisonnement – c’est dépenser une précieuse énergie qui peut être utile à d’autres personnes, d’autres projets.

C’est aussi cela, l’efficacité énergétique : faire des économies et la dépenser mieux.

Alors, on n’attend pas Patrick ?

Si… mais fais un effort, on n’a plus le temps !

Le complotisme expliqué en 30 secondes.

Photo principale : Franck Dubosc joue le rôle de Patrick Chirac dans la comédie “Camping”.

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