On commence à s’habituer aux hivers doux. Ainsi, les records de températures relevés un peu partout en cette fin d’année alimentent des bulletins météo où s’enchaînent désormais chaque mois des anomalies climatiques devenues banales. Une belle occasion de montrer des images de plages bondées, histoire de faire saliver un peu à six mois de l’été.
Au fil de chroniques « climat » désormais bien rodées – véritables marronniers télévisuels – on inflige aux climatologues des questions du style « on connaît tous l’expression Noël au balcon, Pâques au tison… alors est-ce vraiment si exceptionnel ? » avec micro-trottoir de vacanciers comblés à Nice et l’obligation pour l’invité de réagir en moins d’une minute (ne pas perdre le téléspectateur, surtout rester en mode « feel good »).
Où va-t-on comme ça ? Pour l’instant, dans le mur. Car nous en sommes encore à expliquer que ces phénomènes climatiques extrêmes ne sont pas normaux et que nos activités en sont la cause. Or sur ce point le doute n’est plus de mise depuis longtemps. Si on regarde les 20 périodes les plus douces en France depuis 1947, près de la moitié sont arrivées ces vingt dernières années, avec des pics de chaleur qui s’intensifient et parallèlement des épisodes de grand froid qui se raréfient, tout cela à une ampleur et une vitesse qui justifie amplement l’expression d’« urgence climatique ». On aimerait se rassurer en se disant que les choses bougent, mais même les scénarios les plus optimistes sont formels : si on ne passe pas la seconde immédiatement (ce qui signifierait en clair un changement d’échelle dans l’action), nous dépasserons largement les 2 degrés de réchauffement climatique à la fin du siècle avec à la clé l’assurance d’un monde apocalyptique. Et pendant ce temps…
Vous avez dit “urgence climatique” ?
Quand on est conscient de cette urgence, qu’on la vit désormais quasi-quotidiennement – le thermomètre frôle aujourd’hui les 16 degrés à Paris – on est frappé du décalage entre cette information qui devrait faire l’effet d’un électrochoc et le traitement qui lui est réservé dans le débat public. On en parle, certes. Mais si peu et si mal ! Comment s’étonner alors que les politiques tardent à engager les changements systémiques qui s’imposent, quand le quotidien est accaparé par Omicron, le pouvoir d’achat et Zemmour ?
Comment est-il encore possible de détourner l’attention, quand on sait que si nous n’agissons pas radicalement dans la poignée d’années qu’il nous reste pour le faire – 8 ans tout au plus – nous allons franchir des points de bascule qui mettront en péril l’ensemble de l’humanité ? Ce questionnement serine tous « ceux qui savent ».
Sauver la planète, moi ?
Oui, vous ! Ne soyez pas tétanisé par cette mission vertigineuse, si mal formulée soit dit en passant. Car il n’est pas question de sauver la planète, mais plutôt l’humanité. Et le changement est à l’oeuvre, « bottom-up » (de la base), porté par les entreprises, les associations et les citoyens. Une vague monte et d’innombrables initiatives et personnalités inspirantes émergent à la faveur de cette période à la fois terriblement angoissante et stimulante. On vous prépare même un best of pour tout bientôt, histoire de vous motiver pour 2022 !
Photo principale : Jardin des plantes à Paris, jeudi 30 décembre. Exposition “L’évolution en voie d’illumination”.
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