15 startups à impact vraiment innovantes

lundi 18 septembre 2023

« Les enfants sont formidables » disait Jacques Martin. Les adultes peuvent l’être aussi. Exemple avec ces 15 pépites créées par des entrepreneur(e)s qui, plutôt que de se laisser déborder par l’éco-anxiété, d’inonder X (Tweeter) de saillies rageuses ou de sombrer dans l’aquoibonisme, se bougent pour changer le monde.

Ces startups illustrent les mutations à l’œuvre dans les secteurs clés de la transition écologique : agriculture & alimentation, énergie, eau, transport, construction…

Elles sont la preuve que l’urgence climatique peut être génératrice de progrès.

1. NetZero – Objectif neutralité carbone !

Pour beaucoup, les confinements auront rimé avec consommation d’alcool accrue, prise de poids et baisse de productivité. Pour Axel et Olivier Reinaud, ce fut une tout autre histoire : père et fils ont profité de ce temps calme pour mettre en chantier NetZero, startup spécialisée dans la capture et la séquestration du carbone. Leur procédé breveté, en cours d’industrialisation – trois usines sont déjà en service au Brésil – consiste à transformer la biomasse issue des exploitations agricoles en biochar, une sorte de charbon végétal à la fois capteur de carbone, engrais naturel pour les sols et source d’énergie.

Jean Jouzel – climatologue & ancien vice-président du GIEC – participe à cette aventure qui défend l’idée que si l’on veut limiter au maximum le réchauffement climatique, la réduction des émissions de gaz à effet de serre doit aller de pair avec des systèmes de retrait du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. On pense bien sûr aux arbres dans les zones boisées, mais d’autres méthodes telles que NetZero pourraient également y contribuer dans les zones agricoles.

Fait rare, le modèle économique de NetZero apparaît aussi prometteur que son volet écologique, puisqu’en récupérant un résidu agricole (la fameuse biomasse, riche en carbone) auprès des agriculteurs, la startup propose de le valoriser de trois manières : sous forme d’engrais pour l’agriculture, de crédits carbones de haute qualité (en raison d’une capacité de séquestration du carbone sur le temps long) et enfin d’énergie, produite au cours du processus de transformation de la biomasse en biochar. On a ainsi un modèle circulaire qui fonctionne sur la propre énergie de la biomasse !

Pas étonnant que même Elon Musk gratte à la porte, NetZero ayant été sélectionné par la fondation du milliardaire parmi 15 projets considérés comme les plus prometteurs au monde pour le stockage de carbone.

Au fait… vous aviez prévu quoi, vous, pour le prochain confinement ?

Vous avez dit « Net Zero » ?

« Zéro émission nette » en français. Les émissions de gaz à effet de serre sont réduites à un niveau aussi proche que possible de zéro, les émissions restantes présentes dans l’atmosphère étant réabsorbées par les puits naturels de carbone que sont les océans et les forêts (source : Nations Unies).

2. Sailcoop – Mettez les voiles !

 « Ce qui importe, ce n’est pas d’arriver, mais d’aller vers »… Les mots d’Antoine de Saint-Exupéry sonnent juste chez Sailcoop, une coopérative de transport qui propose de se rendre en Corse à la voile. À croire ceux qui ont tenté l’aventure, le voyage faisait vraiment partie des vacances.

Ici on ne parle pas de prestation de transport mais plutôt d’une expérience de Voyage, comme on n’en vit plus depuis que le tourisme s’est massifié. « Sailcoop s’inscrit dans cette tendance du slow-travel, avec l’envie de ne plus voir le transport comme un temps perdu mais comme faisant partie intégrante des vacances » résume Yann Royer, directeur des affaires maritimes de Sailcoop. Alors certes, vous arriverez en Corse 1 jour après. Mais vous aurez vécu des émotions que beaucoup vont chercher très loin sans forcément les trouver. C’est un peu ça les vraies vacances, non ?

Pour l’instant la jeune coopérative exploite (seulement) 2 voiliers sur la liaison Saint-Raphaël / Calvi, mais elle espère bien déployer son modèle pour proposer d’autres liaisons, pour relier par exemple les îles métropolitaines de la côte bretonne. Pour ce faire elle a lancé en juin une souscription pour l’aider à financer la construction d’une navette à voile de type catamaran d’une capacité de 80 personnes. Deux mois plus tard le bilan est carrément prometteur, puisque l’opération a permis de lever 360 000 euros auprès de 920 contributeurs, pour un objectif initial fixé à 200 000 euros.

On n’a pas parlé du prix : il y a moins cher, mais on parie que quand vous aurez vu des dauphins et d’autres animaux marins de près, en communion avec la nature, vous vous direz que ça valait bien ces quelques dizaines d’euros.

3. Genesis – Le Yuka des sols agricoles !

Jusqu’à présent, quand on suspectait certains agriculteurs de polluer les sols et d’exposer la population à des risques sanitaires suite aux épandages, la réponse était souvent la même : « c’est maîtrisé ». Et si vous aviez le malheur d’insister, on vous accusait volontiers d’agribashing. En fait, depuis que l’agriculture s’est industrialisée après les années 60, les rendements et la rentabilité l’emportent souvent sur toute autre considération, environnementale notamment. Mais désormais l’urgence climatique et l’effondrement de la biodiversité bousculent l’ordre établi. L’entrepreneur Quentin Sannié l’a bien compris et lance Genesis, la première agence de notation qui évalue la santé écologique des sols cultivés.

Concrètement, la startup a mis au point un outil de mesure de l’impact environnemental des activités biosourcées (issues de l’agriculture) des entreprises qui exploitent les terres agricoles – agroalimentaire, cosmétique, biocarburants, etc. Le groupe LVMH a par exemple eu recours à eux pour vérifier la qualité de ses fournisseurs biosourcés en vin, parfum ou textile.

Le score Genesis, issu de prélèvements, est calculé à partir de 35 indicateurs des caractéristiques agronomiques de la terre, regroupés en trois indices : la biodiversité, le carbone et la pollution. Ça paraît évident, pourtant ça n’existait pas ! Quand on sait que plus de la moitié des terres agricoles à travers le monde sont dégradées, il était temps de s’en préoccuper…

« Dès lors qu’on peut connaître son impact agricole sur l’environnement, on est plus à même de changer son comportement et d’arrêter de détruire ce qui nous fait vivre » résume Quentin Sannié.

Visuel : Genesis.

4. Greehill – Décrypter les arbres !

On sait que les arbres sont nos alliés face au réchauffement climatique, mais ces êtres vivants, encore trop souvent considérés comme du mobilier urbain, conservent une grande part de mystère. Greehill lève une partie du voile en créant le jumeau numérique des arbres en ville. Le concept : une voiture scanne le patrimoine arboré de la ville grâce à une imagerie à 360° appuyée par la technologie Lidar et des images satellites. On parvient ainsi à lire la physiologie, les bénéfices écosystémiques, la localisation précise voire la valeur monétaire de chaque sujet. Ces précieuses informations permettent de garder un œil sur nos arbres, de planifier des interventions et de mesurer leur impact sur la vie urbaine. On sait par exemple qu’en cas de forte chaleur la température d’une rue arborée est abaissée de plusieurs degrés en comparaison avec une rue minérale.  

Cette meilleure connaissance des arbres et des différentes essences permettra de mieux documenter leurs bénéfices concrets en ville, pour mieux les associer aux futurs chantiers de végétalisation et d’adaptation au changement climatique.

Photo : Greehill

5. Acwa Robotics – Le sourcier 4.0 !

Près de la moitié de la population mondiale subit un stress hydrique « élevé » au moins un mois dans l’année et les pénuries d’eau devraient s’aggraver, relève un tout récent rapport du World Resources Institute. Dans un tel contexte, la priorité est à la sobriété des usages et à la préservation des ressources. Or la quantité d’eau gaspillée dans les réseaux de distribution donne le vertige. Rien qu’en France – plutôt bon élève en la matière – environ 1000 milliards de litres d’eau sont gâchés chaque année, soit l’équivalent de la consommation de 18 millions de personnes !

Face à ce challenge planétaire, la startup française Acwa Robotics a créé un robot explorateur révolutionnaire, baptisé « Pathfinder ». Cet engin autonome bardé de capteurs et de caméras parcourt les canalisations enterrées à la manière d’une chenille afin de détecter et de prévenir les fuites d’eau. D’ici quelques années il devrait même être capable de réparer les fuites de l’intérieur. Créée en juillet 2018 en Corse, l’entreprise a reçu nombre de prix d’innovation, notamment lors du CES de Las Vegas – le salon phare de la tech – où elle a remporté un “Best innovation Award” (catégorie Smart Cities). Actuellement en phase de test dans différents réseaux, notamment sur le Canal de Provence, les robots d’Acwa Robotics devraient être industrialisés à partir de la fin de l’année, pour un déploiement en France puis à l’étranger. Bref. Le succès s’annonce clair comme de l’eau de roche !

Pathfinder – Acwa Robotics

6. Fève – Placez votre épargne à la ferme !

Cette startup bordelaise veut contribuer à la transition agroécologique en facilitant l’installation d’une nouvelle génération d’agriculteurs. Concrètement, les porteurs de projet se rendent sur La Grange, la plateforme digitale de la startup, où ils peuvent déposer une demande de financement ou chercher une ferme à reprendre. Le système de location avec option d’achat mis au point par Fève leur permet de se lancer plus facilement, compte tenu du (trop) lourd investissement que représente l’achat classique d’une ferme.

Les investisseurs particuliers financent quant à eux ces exploitations en achetant des parts de la foncière solidaire créée par Fève. Le tout dans une vision de durabilité, puisque les agriculteurs doivent s’engager à respecter une charte agroécologique ambitieuse.

C’est bien vu, quand on sait que notre agriculture va nécessairement devoir se réinventer pour faire face aux futurs challenges, écologique d’une part – réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, contaminations causées par les pesticides – démographique d’autre part – 40% des agriculteurs partiront à la retraite d’ici 10 ans, avec le risque de voir disparaître des dizaines de milliers d’exploitations.

Projet d’installation présenté sur le site de Fève.

7. Helios – Une néobanque vraiment transparente !

BNP Paribas a beau se présenter comme « La banque d’un monde qui change », la Société Générale vous proposer de « Construire ensemble un avenir meilleur et durable », le Crédit Agricole vous promettre d’« Agir chaque jour dans votre intérêt »… les faits sont têtus : l’empreinte carbone des six principales banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE, La Banque Postale, Crédit Mutuel), issue de leurs activités de financement, représente, cumulée, près de huit fois les émissions de gaz à effet de serre de la France. En clair, « … encore des paroles que tu sèmes au vent… » Alors si comme notre regrettée Dalida vous voulez des actes, on vous présente Helios, une banque sans slogan qui la joue sobre mais efficace. Lancée en 2021, la start-up propose un compte courant et un compte d’épargne dont les dépôts financent uniquement des projets liés à la transition écologique, comme l’agriculture durable et le traitement des déchets. Dans cette logique de nombreux secteurs comme le charbon, l’extraction pétrolière, l’élevage intensif ou encore les pesticides chimiques sont exclus. Et contrairement aux banques classiques, Helios joue à fond la transparence : la destination des financements est intégralement publique.

Deux ans après sa création l’entreprise revendique déjà 50000 clients.

La banque d’un monde qui change ? Plutôt la banque qui change le monde.

Julia Ménayas et Maeva Courtois, co-fondatrices de Helios (rubrique “Nous connaître”, site web de Helios).

8. La Vie – Copains comme cochons !

Vous trouvez les cochons attachants, vous savez qu’ils sont sensibles, intelligents, mais vous êtes tiraillé en vous remémorant cette raclette que vous aimez tant et ce slogan entendu depuis l’enfance : « tout est bon dans le cochon »… Et si, plutôt que d’arrêter le cochon, vous le remplaciez par un bon bacon végétal ?

La Vie, jeune pousse française lancée fin 2021 a élaboré une recette 100% végétale qui semble faire de nombreux adeptes, puisque de Natalie Portman (qui a investi dans la startup) jusqu’à Burger King (qui les a mis au menu) en passant par les principales chaîne de grande distribution (où ils sont déjà référencés), leurs produits séduisent un large public. Un succès qui illustre une tendance forte en Europe : selon une étude du cabinet NielsenIQ, la nourriture végétale a battu un nouveau record sur le vieux continent en 2022, en générant 5,7 milliards d’euros de recettes, soit une croissance de 22% par rapport à 2020.

Il faut dire que ces nouveaux aliments ont des arguments de poids. Au-delà d’une empreinte carbone nettement allégée – La Vie annonce des émissions de CO2 trois fois inférieures aux produits à base de porc – ce bacon végétal vous garantit ce qu’aucun cochon ne pourra jamais vous offrir, même avec toute la bonne volonté du monde : un score vert sur Yuka. En plus, on dit que c’est bon !

Alors les cochons… on est copains ?

Nouveaux jambons… “pour les gens bons !” (La Vie).

9. Mycophyto – Remplacer la chimie par les champignons !

S’appuyer sur la nature pour développer des solutions efficaces et durables face au réchauffement climatique, c’est l’ambition de la biologiste Justine Lipuma, fondatrice de Mycophyto. La jeune pousse mise sur les associations naturelles qui existent entre les plantes et les champignons pour accroître la productivité agricole. Tout part de l’étude d’une symbiose présente à l’état naturel depuis 450 millions d’années : les champignons mycorhiziens présents dans le sol entrent en relation avec les plantes via le réseau racinaire et permettent ainsi de multiplier par 1000 la surface d’échange entre la plante et le sol. Mieux nourries et captant mieux l’eau présente dans le sol, les plantes se révèlent ainsi plus robustes face aux aléas climatiques et aux pathogènes.

Mycophyto a réussi à reproduire cette association et propose un cocktail de champignons adapté à chaque biotope. Pour ce faire la startup s’appuie sur une bio-banque issue de ses propres prélèvements et de séquençages des sols réalisés un peu partout en France, en Europe et aux Etat-Unis par différents programmes de recherche. L’intelligence artificielle intervient dans le processus pour composer le cocktail de champignon le plus adapté à la nature du sol.

Lauréate de nombreux prix d’innovation, cette solution permet de réduire les intrants et l’arrosage tout en augmentant les rendements de 30 à 40%.

La preuve que préservation de l’environnement et recherche de rendement peuvent aller de pair.

(Site Mycophyto)

10. Cool Roof – Quelques degrés en moins, d’un (simple) coup de ripolin !

Pour se protéger des canicules tout en préservant l’habitabilité de la planète, il nous faut absolument trouver des alternatives à la clim, exemple parfait de mal-adaptation. Ça commence avec des solutions simples comme les toitures blanches, qui ont fait leurs preuves dans les pays du sud – on pense notamment aux Cyclades et leurs maisons typiques peintes en blanc.

Ce procédé ancestral aux vertus réfléchissantes bien connues, également développé sur les toits de New York depuis dix ans, a inspiré les fondateurs de la startup Cool Roof. Cette entreprise bretonne – primée au dernier salon VivaTech – a mis au point une peinture réflective contenant des coquilles d’huîtres broyées, permettant de faire baisser en moyenne de 5 degrés la température à l’intérieur des bâtiments, et réduisant jusqu’à 50% l’usage de la climatisation.

La solution s’applique sur tous types de revêtements, principalement les membranes bitumineuses posées sur les toits plats où la température s’envole en été. Et l’effet est spectaculaire, puisqu’on peut ainsi couper par deux la température à la surface du toit !

Côté investissement compter 20 à 25 euros fourni et posé par M2. Voilà qui ouvre de belles perspectives pour ce nouveau marché florissant, même s’il faudra sans doute encore un peu de patience pour observer un déploiement à très grande échelle, le temps que cette nouvelle esthétique s’impose dans les esprits – et dans les règles d’urbanisme.

11. Eolink – Vive le vent marin !

La France recèle un trésor encore largement sous-exploité : le vent ! En particulier le long de ses côtes, sur les façades océanique et méditerranéenne. Plusieurs facteurs expliquent notre retard en matière de déploiement d’énergies renouvelables (ENR) et d’éolien en particulier : la part prépondérante du nucléaire dans notre mix énergétique et un déploiement des projets éoliens plus long et complexe que chez nos voisins européens, notamment en raison de vives oppositions – dans un sondage IFOP de 2021, 72% des personnes interrogées estimaient que l’éolien est une source de pollution visuelle et sonore pour les riverains, 68% qu’il impacte les paysages et dégrade le patrimoine français et 68% que les éoliennes en mer sont nocives pour les oiseaux, pour les milieux marins et pour la pêche.

Autant de freins qui devraient être levés par l’éolien flottant, qui présente le triple avantage de pouvoir être implanté plus loin des côtes que l’éolien « posé » – loin des yeux donc – là où les vents sont par ailleurs plus constants et l’impact sur les écosystèmes marins considérablement réduit. 

Bien décidée à s’imposer parmi les leaders de ce nouveau segment porteur, l’entreprise brestoise Eolink s’est associée à l’École centrale de Nantes et à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) pour développer une éolienne flottante de nouvelle génération. De structure pyramidale, dotée de 4 mâts, plus légère et moins coûteuse à l’entretien que les éoliennes classiques pourvues d’un seul mât, l’éolienne Eolink vise une puissance de 20 MW. En attendant, la mise à l’eau d’un modèle de présérie d’une capacité de 5MW est prévue en 2024 à 20 km au large du Croisic, il subviendra à la consommation électrique annuelle de 7000 habitants.

Quant au potentiel, il est considérable. « Les éoliennes flottantes pourraient subvenir à 50 % des besoins électriques de la France en couvrant seulement 3 % de notre espace maritime » estime Alain Morry, le directeur commercial d’Eolink.

Espérons que l’État donne un vrai coup d’accélérateur au déploiement de cette énergie dont la compétitivité dépend des futures économies d’échelle.

12. Cearitis – L’attrape mouche qui fait mouche !

Marion Canale et Solena Canale Parola, cousines et cofondatrices de Cearitis, sont petites filles d’oléiculteurs dans les Bouches-du-Rhône. Affectées comme beaucoup d’exploitations par le fléau de la mouche des oliveraies, les deux entrepreneuses ont développé une solution de biocontrôle qui consiste à déposer un répulsif sur les oliviers et à disposer des pièges contenant une solution attractive aux abords des parcelles. La solution, également applicable pour les cerises et d’autres fruits rouges attaqués par des mouches, affiche un taux d’efficacité de 90 à 95%. Voilà qui devrait lui ouvrir les portes d’un vaste marché – on estime dans le monde à 10 milliards de dollars les pertes qu’engendrent chaque année ces mouches sur les cultures – une fois la phase d’homologation (en cours) passée.

Cearitis est l’une des pépites du florissant secteur du biocontrôle, dopé par l’objectif d’une réduction de 50% de l’usage des pesticides dans l’Union Européenne d’ici 2030. Le biocontrôle consiste à remplacer les substances chimiques par des méthodes naturelles plus respectueuses de l’environnement et de la santé humaine. Ces méthodes sont logiquement associées à des pratiques agricoles plus durables, telle que l’agroécologie. 

D’après une récente étude de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, « une sortie complète des pesticides chimiques est possible, sans réduire fortement la production agricole et sans avoir d’impact sur la balance commerciale de l’Union européenne (UE), tout en amortissant le poids climatique de l’agriculture et en restaurant la biodiversité. »

13. Ecodrop – S’attaquer au chantier des déchets de chantier !

Les décharges sauvages sont un fléau pour l’environnement et la collectivité, avec plus d’1 million de tonnes de déchets abandonnés illégalement chaque année dans l’hexagone – soit l’équivalent de 100 tours Eiffel (!) – générant un surcoût de 1,5 milliards d’euros pour la collectivité. Les nouvelles technologies comme la solution de détection des dépôts sauvages Vizzia – testée dans une quinzaine de communes –, associées à des peines plus dissuasives, semblent avoir un réel impact avec plus de 80% de baisse de dépôts sauvage constatés.

Mais arrêtons-nous un instant sur la startup Ecodrop, qui a voulu s’attaquer au problème des dépôts sauvages à la racine en proposant une solution pour la gestion des déchets de chantier.

L’entreprise – primée par l’Ademe et labellisé Greentech Innovation par le ministère de la Transition écologique – propose une solution clés en mains aux professionnels du bâtiment, agissant comme un intermédiaire logistique entre eux et les déchetteries professionnelles ou les recycleurs. Concrètement, la plateforme en ligne d’Ecodrop oriente les artisans vers une déchetterie partenaire et leur permet de commander une collecte de leurs déchets directement sur le chantier.

Bilan : 450 000 tonnes de déchets ont ainsi pu être traitées en 2022 dont 86 % ont été valorisés. C’est encore peu comparé aux 40 millions de tonnes de déchets produits chaque année par le secteur du BTP, mais les perspectives sont prometteuses dans la mesure où la plateforme offre une solution aux 500 000 artisans du bâtiment jusqu’à présent peu pourvus en solutions de gestion et de tri des déchets.

14. Moustache Bikes – Le biclou qui défrise !

Lancée il y a plus de 10 ans dans les Vosges, Moustache Bikes n’est plus vraiment une startup, plutôt une entreprise établie, avec ses 200 salariés et ses 130 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. Malgré cela l’esprit pionnier irrigue toujours cette entreprise qui fut la première en France à miser sur le vélo électrique. Pour preuve ils annoncent en cette rentrée le lancement du « J » (pour « un jour nouveau), un nouveau modèle entièrement made in France qui aura nécessité trois ans de R&D. Une gageure, quand on sait que depuis près d’un demi-siècle l’hexagone ne compte plus un seul fabricant de cadre, l’industrie ayant été largement délocalisée en Asie.

L’entreprise offre ainsi un bel exemple de réindustrialisation, elle qui a vu dans les crises récentes un signal pour relocaliser sa chaîne de production. Et innover par la même occasion, en brevetant un nouveau procédé de fabrication du cadre qui permet notamment d’obtenir des finitions sans soudures. « Il a fallu lever de nombreux obstacles techniques et multiplier les allers-retours avec nos partenaires usineur et fondeur (…) Nous avons eu recours au moulage en coquille par gravité pour obtenir deux pièces principales en aluminium : une pièce avant en forme de J et un bras arrière étudié pour intégrer le moteur électrique », détaille Emmanuel Antonot, co-fondateur de Moustache Bikes, dans l’Usine Nouvelle.

Et l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. Espérant rapatrier un maximum d’étapes de fabrication dans un rayon de 1000 kilomètres, la prochaine étape sera vraisemblablement la peinture.

Cela donne certes un prix de vente plus élevé que les concurrents taïwanais, mais Moustache se place sur un segment haut de gamme où son savoir-faire fait des adeptes. Et il faut avouer que leurs vélos font rêver. Des vélos qui vendent du rêve… Décidément, les temps changent !

15. CarbOn – C’est la Rénovation !

Le bâtiment représente 43 % de la consommation énergétique annuelle française et génère 23 % de nos émissions de CO2. En clair, c’est un éléphant dans la « transition écologique ».

Face au chantier de rénovation énergétique qui s’annonce titanesque pour le secteur, beaucoup de bailleurs apparaissent dépassés, pressés par les nouvelles obligations environnementales en matière d’immobilier – le “décret tertiaire” paru en 2019 oblige désormais les immeubles tertiaires à réduire leur consommation de 40% à l’horizon 2030 – et la hausse des prix de l’énergie. Hadrien Flon et Stanislas de Gabrielli, deux anciens salariés d’Unibail – premier groupe coté d’immobilier commercial au monde – ont flairé l’opportunité.

Les deux entrepreneurs ont lancé CarbOn, une solution clé en main pour rénover et réduire les factures d’électricité des bâtiments tertiaires. Concrètement, leur offre couvre l’audit, le choix des actions de transition énergétique, le suivi des travaux et de l’efficacité des rénovations sur la consommation énergétique, ainsi que le financement. Les propriétaires ont ainsi la possibilité d’échelonner le coût des travaux via un contrat de location-vente leur permettant d’amortir en partie la rénovation grâce aux économies d’énergie réalisées par la suite.

L’activité de cette startup lancée en avril 2022 démarre fort avec une dizaine de projets en cours et un partenariat de 25 millions d’euros conclu avec Tikehau Capital – un poids lourd de la gestion d’actifs – pour le financement d’un programme de rénovation énergétique de bâtiments tertiaires. L’investissement vise à faciliter l’adoption d’équipements de nouvelle génération dans des bâtiments énergivores. Il s’agit notamment de financer des groupes froids, des systèmes de chauffage, de ventilation, d’éclairage, de gestion technique du bâtiment et de panneaux photovoltaïques. Et ainsi économiser jusqu’à 60% de l’énergie consommée sur site.

Ça fait moins de bruit que Dernière Rénovation, mais c’est du concret.

L’équipe CarbOn (photo : Welcome to the Jungle)

Photo principale de l’article : Greehill.

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