Les poules, alliées du potager

vendredi 28 février 2020

Par une belle journée de juin j’ai découvert au détour d’une promenade un petit coin de paradis. C’était dans un village de Saône-et-Loire, au cœur d’une Bourgogne agricole encore préservée. On retrouve dans ces territoires perdus les odeurs et les paysages d’une époque où les saisons rythmaient la vie des gens.

Anesthésié par une semaine parisienne caniculaire, j’allais peu à peu sentir mes sens renaître… Nous marchions dans les rues calmes du village, sur une route goudronnée jonchée de nids de poules. Nulle ligne blanche pour délimiter la chaussée mais quelques bouses de vaches séchées ici et là, témoignant d’une proximité entre les bêtes et les humains.


Il n’y a pas longtemps dans les villages on pouvait encore voir les vaches rentrer tranquillement à l’étable après une journée passée aux champs. Ici une superbe Montbéliarde.


À l’entrée du vieux lavoir les hirondelles se relayaient dans un balai frénétique, nullement perturbées par notre présence. Chaque année, cette grande voyageuse parcourt 10 000 kilomètres pour retrouver son petit village français. C’est ici, sur le plafond du vieux lavoir que l’infatigable travailleuse bâtit son nid avec la terre argileuse récoltée aux alentours.

Une terre que beaucoup travaillent encore à la main, sur de petites parcelles entretenues avec soin.

À la fin d’une allée de tilleuls, nous voici devant l’entrée d’une ferme avec à l’arrière un potager. Une dame âgée s’affaire dans la cour. « Bonjour madame, serait-il possible de visiter votre potager ? » demandais-je. « Bien sûr ! » me répond-elle avec son accent bourguignon qui enrobe les « r ».

Ici tout est beau, tout est paisible. La vie est partout. Dans la cour, quelques poules grattent le sol et piochent dans une écuelle en fonte le pain rassis distribué par la fermière. « Quand il fait chaud je trempe le pain, ça les hydrate bien » me confie-t-elle. Dans la grange une joyeuse colonie de moineaux gazouille à tue-tête. Sous l’escalier en pierre , 3 lapines élèvent leurs lapereaux dans un clapier. « Il y a du fauve de bourgogne et du papillon, des lapins rustiques ! ». Dans le potager à l’arrière de la cour, tomates, haricots, aubergines, salades et maïs poussent entremêlés, soutenus par une armature en bambous.

La litière des poules : un engrais naturel utilisé en paillis

Le long du potager, le poulailler avec son parcours de promenade grillagé. De temps à autres la fermière lâche les poules entre les rangées de plantations, où ces gourmandes prélèvent limaces et petits nuisibles. « Le reste du temps je les laisse dans leur enclos pour éviter qu’elles ne grattent trop ». Non loin de là un tas de fumier où la litière usagée est stockée avec les déchets verts du jardin. Par un phénomène d’échauffement le fumier se transforme progressivement en compost, un précieux amendement qui sera ensuite utilisé pour les futures plantations.

« J’utilise aussi la paille du poulailler en paillis pour mes légumes. L’été quand il fait chaud comme aujourd’hui, la paille conserve l’humidité sous les racines et comme ça j’économise l’eau. Et puis la fiente de poule est un très bon engrais, ça diffuse des nutriments pour mes plantes ». Du bon sens.

En observant la vie dans les vieilles fermes, on réalise à quel point ce système circulaire est vertueux : très peu de ressources consommées, tout est recyclé et ce qu’on y produit est bon, tout simplement. Cerise sur le gâteau : tout cela nécessite peu d’espace. 100 mètres carrés tout au plus. Un rêve accessible pour quiconque possède un jardin.

A bon entendeur…

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