Green-Got, la néobanque qui se veut (vraiment) green

mercredi 10 février 2021

Voilà une enquête qui devrait donner un peu d’espoir à ceux qui s’inquiètent de la prise de conscience sur l’urgence climatique. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a compilé les avis de 1,22 million de personnes réparties dans cinquante pays du monde – une base d’une ampleur inédite – et le résultat publié le 27 janvier est édifiant : 64% des personnes interrogées estiment que le changement climatique est une « urgence mondiale ». Ceci alors même que nous sommes plongés dans une crise sanitaire planétaire.

Qui sont les personnes qui s’inquiètent le plus pour la planète ? Sans surprise celles qui seront les plus exposées au changement climatique, c’est-à-dire les jeunes… suivis de près par les 36-59 ans. Dans ce contexte, une nouvelle génération de jeunes écologistes émerge, bien décidés à mettre en œuvre leurs belles (et bonnes) idées. Nous sommes allés à la rencontre de l’un d’entre eux.

Andréa Ganovelli est co-fondateur de la néobanque Green-Got.

Jeune actif en quête de sens

Andréa Ganovelli, cofondateur de Green-Got

En poste à New York chez Pernod Ricard, le jeune actif diplômé d’école de commerce est confronté quotidiennement à la contradiction entre une vie personnelle axée vers la sobriété et une activité professionnelle au service du consumérisme.

« J’ai commencé à faire des efforts dans mon quotidien, par exemple en ne mangeant plus de viande, mais quand j’ai réalisé qu’au boulot je détruisais ce que je faisais dans ma vie perso je me suis dit qu’il fallait changer quelque chose. Quand on voit la quantité d’eau qu’il faut pour produire un litre de whisky, les champs d’agave nécessaires pour un litre de tequila… l’impact sur l’environnement est énorme.»

Andréa décide alors de tout plaquer pour tenter l’aventure entrepreneuriale. Avec une obsession : faire sa part.

La finance, puissant levier d’action

Conscient que la France représente moins de 1 % des émissions de CO2 mondiales, l’entrepreneur imagine avec trois associés une néobanque dont les capitaux permettraient de financer des projets au-delà des frontières. « Néo », parce que le terme de banque, très réglementé, impose l’obtention d’une licence de crédit. Or chez Green-Got l’offre se concentrera sur le paiement via un compte courant et l’épargne. Vraiment « green », celle-ci.

« Pourquoi se limiter à la France ou à l’Europe alors que l’avenir de l’environnement se jouera ailleurs ? En Inde et en Chine où on brule du charbon, en Afrique où on aura besoin de croissance et où il faut investir dans des infrastructures afin que cette croissance s’appuie directement sur les renouvelables et pas sur les énergies fossiles… C’est tout l’intérêt de la finance, elle permet d’avoir un impact au-delà de l’hexagone. »

Des grandes banques embourbées dans les énergies fossiles

Régulièrement épinglées par les ONG environnementales, les grandes banques semblent toujours financer activement les énergies fossiles, même si toutes affirment vouloir en sortir à des horizons plus ou moins lointains. Face à cette relative inertie, l’entrepreneur perçoit une opportunité pour développer une offre vraiment alternative qui séduise un public de jeunes investisseurs connectés et engagés.

« Nous sommes nés du constat qu’il fallait réorienter les investissements vers des projets vertueux pour l’environnement. On est donc agile, à l’inverse des grandes banques européennes qui sont nées au début de la révolution industrielle pour financer l’effort du charbon et du pétrole, activités auxquelles elles sont toujours historiquement liées. Les gens qui dirigent ces banques savent parfaitement qu’il y a un problème pour l’environnement mais ils savent aussi que s’ils lâchent tout du jour au lendemain, c’est tout le système financier qui s’effondre. Ils ne sont pas en capacité d’opérer une transition rapide. Pour cette raison ils ne prennent pas d’engagement avant 2040 – BNP Paribas a par exemple annoncé l’arrêt complet, en 2030, de ses financements du secteur du charbon dans l’Union européenne (UE) et en 2040 pour le reste du monde. »

Si des banques éthiques comme la Nef ou le Crédit Coopératif proposent déjà une offre alternative aux établissements financiers comme BNP Paribas et la Société Générale, leur positionnement de niche et leur communication « un peu vieillotte », selon Andréa Ganovelli, les rendraient moins attractives pour un public jeune et connecté, soucieux d’agir sans pour autant sacrifier tout son confort de vie.

Quant-aux freins éventuels pour des clients attachés à leur banque historique et potentiellement méfiants à l’idée de confier leur argent à une startup, l’entrepreneur se veut rassurant.

« Dans l’immédiat nous n’avons pas vocation à être un compte principal, plutôt un compte d’appoint. Les clients commenceront à utiliser nos services de manière progressive. Ils ne prendront d’ailleurs aucun risque puisque les dépôts des clients sont garantis jusqu’à 100 000 euros conformément au dispositif prévu par le Fond de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR) commun à tous les établissements bancaires. »

Lancée en juin 2020 à l’aide d’une première levée de fonds réalisée auprès de business angels, Green-Got a déjà enregistré 12 000 pré-inscriptions. Le compte courant doit être lancé en avril et le compte épargne dans la foulée.

Le compte de paiement fonctionnera comme un compte courant classique avec carte, à cela près que les émissions de CO2 générées par les transactions seront calculées, leur impact carbone réduit au maximum ou compensé à l’aide d’un système d’arrondi permettant de soutenir des initiatives éco-responsables comme la plantation d’arbres.

Le compte épargne fonctionnera pour sa part comme un compte d’assurance vie avec deux portefeuilles distincts, l’un permettant de financer des projets associés aux nouvelles technologies – énergies renouvelables, green city, transports décarbonnés etc. – l’autre dédié à la Terre – agroécologie, protection des forêts et des océans, gestion de l’eau, économie circulaire, etc.

Pour développer cette offre épargne exclusive, la startup a conclu un partenariat avec Suravenir, l’assureur du Crédit Mutuel. Tous les investissements réalisés dans le cadre de ce véhicule d’investissement seront labellisés Greenfin – label plus contraignant le dispositif ISR (investissement socialement responsable) – le label ISR pouvant compléter l’offre sur la base d’une sélection rigoureuse sur les critères environnemental et social.

Le prochain challenge pour la dizaine de personnes qui forment l’équipe Green-Got : séduire au moins 10 000 clients cette année, en espérant ainsi attirer de nouveaux investisseurs et… rejoindre l’autoroute de la croissance verte ? Andréa Ganovelli a son avis sur la question.

L’équipe Green-Got

« Je crois à une croissance immatérielle de la connaissance, de la culture et de sujets qui ne soient pas dépendants de la croissance matérielle, qui ne nécessitent pas d’infrastructures. En Europe nous allons devoir décroître pour que d’autres puissent croître, dont la croissance viendra compenser notre décroissance matérielle. Mais pour décroître il faudra investir car il nous faut des infrastructures de mise en commun, je pense par exemple aux lignes de trains de nuits en Europe qu’il est question de développer. Ce n’est pas parce qu’à l’échelle globale on doit viser la décroissance que certains secteurs ne vont pas croître, c’est précisément ceux-là qu’on veut financer. »

De l’optimisme ? Plutôt la volonté du néobanquier de ne pas rester les bras croisés.

« J’ai eu un passage radical voire collapso dont je suis revenu. Je me suis dit que si tout était foutu, j’avais quand même envie d’essayer de faire bouger les choses. Je veux avoir fait ma part, me dire que j’aurai fait mon maximum. Car si on sait qu’on arrivera certainement pas à éviter les 2 degrés de réchauffement, il est encore temps d’éviter les 5 degrés. Et il faut tout faire pour cela, car 5 degrés en plus c’est pas exactement la même chose que 2 degrés (!) ».

Vous ne savez pas quoi faire ? Si vous commenciez par investir mieux ?

Pour en savoir plus, rendez-vous sur Green-Got.

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1 Commentaire

  1. loones

    Bravo pour votre initiative!
    Je viens de me préinscrire. Hâte qu’elle démarre en septembre.
    Je cherchais une banque en ligne comme la votre mais ce ne sont que des filiales de banques déjà connues.
    J’espère que beaucoup de personnes vont s’inscrire chez vous.

    PS dommage pour le nom anglais…

    Réponse

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