Dans son rapport publié lundi 25 janvier, Ember – think tank spécialisé sur les questions énergétiques et climatiques – révèle que pour la première fois en 2020, dans l’Union Européenne, les énergies renouvelables ont été la première source d’électricité devant les énergies fossiles, générant 38% de l’électricité européenne contre 37% pour les secondes. Le reste, soit 25%, revenant au nucléaire.
Classé premier fournisseur d’électricité verte par Greenpeace, Planète OUI propose depuis 2007 une offre d’électricité 100% renouvelable, avec une position anti nucléaire affichée. Une offre alternative qui rencontre un succès croissant auprès de clients désireux de réduire leur empreinte carbone. Nous sommes allés à la rencontre d’Albert Codinach, CEO de Planète OUI, pour en savoir plus sur la transition énergétique à l’oeuvre dans nos foyers.
Quand on veut choisir un opérateur « responsable », on a du mal à s’y retrouver parmi tous ces nouveaux acteurs qui surfent sur la vague des énergies renouvelables. Comment faire ?
“C’est en effet difficile car on est face à un produit – l’électron – qui est abstrait, c’est donc compliqué de comprendre ce qu’il y a derrière les différents acteurs, le produit final étant le même partout. On peut en revanche se différencier par la stratégie d’approvisionnement, ce qu’on fait chez Planète OUI, en mobilisant l’argent que payent les clients chaque mois. Ainsi nous fléchons ces ressources dans la production d’énergie renouvelable qu’on développe en propre ou en achetant les électrons auprès d’autres producteurs d’énergie renouvelable.
On n’a donc pas la possibilité d’avoir une véritable traçabilité sur l’électricité de notre fournisseur ?
Non car malheureusement on ne peut pas tracer l’électron. Il y a d’ailleurs une erreur de jargon puisque les fournisseurs sont généralement des commercialisateurs d’énergie et non des fournisseurs à proprement parler. En France nous n’avons qu’un seul fournisseur d’énergie, c’est Enedis qui gère l’ensemble du réseau d’électricité en France. Si on utilisait les bons termes il y aurait sans doute moins de confusion. Chez Planète OUI par exemple, nous sommes commercialisateurs et producteurs puisque nous avons la stratégie de nous sourcer aux 2/3 avec des actifs que nous détenons en propre.
Quel est votre mix énergétique et d’où vient l’énergie chez Planète OUI ?
L’énergie provient de 3 sources : hydrolique (provenant des barrages), éolienne et photovoltaïque, produite intégralement en France. Nous croyons beaucoup à la décentralisation de l’énergie et nous voulons rapprocher au maximum la production et la consommation.
Peut-on produire de l’énergie à partir des courants marins ?
Non aujourd’hui c’est une technologie expérimentale qui n’est pas encore au point.
Qu’est-ce qui pousse les gens à aller chez vous ?
Pas forcément l’argument financier car on ne se présente pas comme un opérateur low-cost. Notre différence se situe plutôt dans notre capacité à proposer une énergie vraiment alternative, 100% renouvelable. Nos clients recherchent avant tout un impact.
Sentez-vous que l’engouement pour les énergies renouvelables prend auprès du grand public ?
Oui, si j’en crois notre croissance ! Nous avons actuellement 90 000 clients et sur la tendance actuelle nous devrions dépasser 150 000 clients fin 2021, avec un chiffre d’affaires qui devrait passer de 60 millions d’euros en 2020 à 90 millions fin 2021.
Aucune trace d’énergie nucléaire chez Planète OUI… Mais peut-on vraiment se passer totalement du nucléaire ? N’est-ce pas utopique de croire qu’on peut produire une énergie 100% renouvelable sans nucléaire, quand on voit par exemple qu’en Allemagne il a fallu rouvrir des centrales à charbon pour palier la fermeture des centrales nucléaires ?
Tout est une question de projet industriel et de savoir dans quel horizon on se place. Notre horizon, c’est 2050. Et oui, se passer totalement du nucléaire à cette échéance, c’est tout à fait réaliste. C’est avant tout un choix politique de société. Mais on doit comprendre que nous sommes dans une transition énergétique. Avec en ligne de mire le point d’arrivée et une stratégie pour y parvenir. On est sur le long terme là ! Malheureusement dans le débat public on a des visions très courtermistes. En ce qui concerne l’Allemagne justement, à présent ils referment des centrales à charbon grâce à l’essor des énergies renouvelables.
Êtes-vous satisfait de la trajectoire actuelle de la France, à l’aune de la crise climatique ?
Tout dépend de quelle manière on regarde les choses. C’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein… Chez Planète OUI nous sommes plutôt optimistes dans la mesure où on fait mieux aujourd’hui. Pas assez vite certes, mais la trajectoire n’est pas si mauvaise que ça.
Dans son dernier film Legacy, Yann Arthus Bertrand déplore que les énergies renouvelables, qui étaient censées remplacer progressivement les énergies fossiles, viennent finalement s’additionner à celles-ci…
C’est tout le débat de la sobriété énergique. Si on continue à consommer toujours plus, ce n’est pas les éoliennes qui vont régler le problème. En tant qu’acteur engagé, chez Planète OUI nous prônons la sobriété et la diminution de la consommation énergétique. C’est une question essentielle, en effet.
Vous proposez des offres d’autoconsommation. Vous pouvez nous en dire plus ?
Le principe est simple : consommer directement chez soi l’énergie produite avec ses propres moyens de production, généralement des panneaux photovoltaïques. Ça fonctionne très bien et un véritable modèle économique commence à émerger. Ça pourrait changer pas mal de choses à l’avenir. Ça prend un peu de temps évidemment puisqu’il faut faire des travaux et se placer dans un projet de long terme, mais ça séduit de plus en plus de gens.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour 2021 ?
Un peu plus de vie sociale ! Parce que c’est bien d’avoir un monde renouvelable et plus sobre, mais il faut que ce soit un monde où on se voit les uns les autres !”
Pour en savoir plus, rendez-vous sur Planète OUI.
Photo principale : Planète OUI. Champ d’éoliennes à Saint-Crépin, dans les Hautes-Alpes.
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