Lancée en 2016, la startup EcoTree propose à ses clients d’investir dans les massifs forestiers de l’hexagone et détient ainsi près de 1000 hectares de forêts répartis sur l’ensemble du territoire. L’entreprise, qui séduit des investisseurs en quête de placement « responsable », affiche une réelle ambition écologique, consciente du rôle des forêts dans la lutte contre le réchauffement planétaire. Son co-fondateur Baudouin Vercken nous répond.
Vous proposez à vos clients d’investir dans la forêt en plantant des arbres. À quoi ressemblent ces forêts que vous replantez ?
Ce sont justement des forêts et pas des plantations d’arbres, ce qui est bien différent. Notre conviction est qu’une forêt doit être en poly-essences et composée d’arbres de tous âges. On appelle cela une futaie irrégulière. Cette forêt se régénère principalement par la pousse naturelle. En revanche lorsqu’on part d’une parcelle nue, il s’agit de replanter des espèces locales à des âges différents, en respectant toujours cette philosophie qui garantit à la fois la pousse des arbres et leur longévité, puisqu’une forêt dans laquelle on laisse des écosystèmes se former érigera des barrières naturelles efficaces contre les maladies et les aléas du climat.
Quand on sait qu’en plaçant son argent dans les forêts on s’inscrit dans un horizon d’investissement qui s’échelonne de 20 ans à un siècle, il est préférable de s’appuyer sur ce qui fonctionne déjà à l’état naturel.
Dans cette logique chez EcoTree on ne privilégie jamais le rendement sur la biodiversité, les deux vont de pair.
Où sont situées vos forêts ?
Nos près de 1000 hectares de forêts sont disséminés sur l’ensemble du territoire, il s’agit d’une mosaïque de parcelles que nous rachetons le plus souvent à des particuliers qui ne savent pas comment les valoriser. Nos forestiers les sillonnent pour suivre leur évolution et, forts de leur expertise, ils ont une approche adaptée à la particularité de chaque biotope.
Vous proposez plusieurs essences d’arbres, mais comment maîtriser la subtilité de chaque territoire ?
On travaille justement avec des partenaires locaux (forestiers et pépiniéristes) pour avoir des solutions qui ont du sens à l’échelon local. Notre intérêt est de proposer des arbres qui développent du rendement dans la durée. Donc on s’attache à planter des essences qui s’adapteront au réchauffement climatique et qui joueront une fonction de réserve pour la biodiversité. Dans la même logique on pratique également la coupe sélective, jamais de coupes à blanc comme on l’observe souvent dans les plantations d’arbres rectilignes.
Nos premières coupes sont justement prévues dans 3 ans, elles concernent une futaie irrégulière que nous avons reprise en gestion.
Quelle est la destination des bois une fois qu’ils ont été prélevés ?
Il s’agit essentiellement de bois d’œuvre pour des projets locaux de construction, notamment du chêne utilisé dans la fabrication de charpentes, ou d’autres bois utilisés pour l’ameublement. L’intérêt étant que les bois ainsi valorisés stockeront le carbone qu’ils ont emmagasiné pendant toute leur vie.
Qui fournit les arbres que vous plantez ?
On travaille toujours en circuit court avec des pépiniéristes locaux, on n’importe jamais d’essences car on sait quel mal peuvent faire des importations de plantes sur les écosystèmes. Par ailleurs en France on a la chance d’avoir une forêt très diversifiée. Si on compare par exemple avec la Suède et ses 3 essences d’arbres, on compte chez nous plus de 120 essences ! C’est une véritable richesse, une spécificité française qu’il faut absolument préserver et valoriser, au même titre que nos vins !
Cette question que vous présentez comme écologique, est-elle déterminante pour vos clients investisseurs ?
Oui, cette vision et ce temps long sont au cœur de notre offre, c’est la garantie d’une bonne gestion patrimoniale à laquelle adhèrent nos clients. On privilégie les circuits courts jusque dans l’utilisation finale de nos bois qui sont principalement destinés à des projets locaux. Ça parle à nos clients qui recherchent un investissement qui ait du sens.
Vos forêts souffrent-elles de sécheresses à répétition en particulier celle particulièrement intense que nous avons connue cet été ?
Oui elles souffrent bien entendu, mais notre méthode (forêts irrégulières en poly-essences) permet justement aux forêts de développer des défenses efficaces contre les sécheresses, et donc globalement de mieux résister.
Après il est incontestable que le réchauffement climatique impose une réflexion sur le choix des essences d’arbres à planter, certaines étant malheureusement amenées à décliner car trop sensibles aux maladies et aux aléas climatiques. C’est justement tout le métier d’un forestier qui se projette sur le temps long. Comment introduire des essences d’arbres qui seront en capacité non seulement de pousser mais surtout de survivre dans un contexte climatique changeant. Ces dernières années, au-delà des épisodes de sécheresse exceptionnels, on a vu l’apparition de nombreux champignons et bactéries. La forêt est très attaquée… Il y a un vrai sujet de résilience.
Vous restez malgré tout optimiste ?
Il est trop tard pour être pessimiste ! Nous ne sommes pas crédules, on voit bien la réalité… Mais il faut être tourné vers l’avenir, apporter des solutions et rester dans le « faire ».
Quels sont vos objectifs pour 2021 ?
Développer les investissements en faveur de la biodiversité. Dans le prolongement de ce que j’expliquais précédemment sur la philosophie d’investissement de nos clients, qu’ils soient particuliers ou entreprises, beaucoup cherchent avant tout à avoir un impact sur la protection de la nature sans forcément rechercher un rendement. Ainsi nous développons des projets de plantation de haies mellifères exclusivement orientés vers la biodiversité et les demandes pour ce type d’investissement étant très fortes, on veut aller encore plus loin.
En 2021, nous ambitionnons de dépasser 1500 hectares de forêts et de développer nos services pour les clients européens qui veulent eux aussi investir dans la forêt et la biodiversité française. À cette fin nous avons ouvert un bureau à Copenhague.
Pour investir dans la forêt
Sur EcoTree vous pouvez vous porter acquéreur d’un arbre à l’unité en choisissant votre essence, ou d’un pack associant plusieurs essences, jusqu’à l’abonnement mensuel. L’investissement peut rapporter jusqu’à 2 % par an. Une fois l’arbre coupé, son acheteur perçoit 100 % des revenus (pas avant, donc).
Pour en savoir plus, rendez-vous sur EcoTree.
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